carnet noir, décès de Jean-Louis Bérot

HOMMAGE À JEAN-LOUIS BÉROT

Il existe des hommes tels que lui. Mais ils sont rares. Pas de ces individus pressés qui bâclent, mais de ceux qui trouvent toujours le temps de tout faire. Et de tout faire bien. Jean-Louis Bérot était de ceux-là : un homme aux multiples vies, qui parlait aussi bien rugby que thermalisme, kinésithérapie ou tourisme, avec la même passion, la même exigence.

Né à Dax en 1947, il a très tôt trouvé dans le rugby une école de vie. À huit ans, il portait déjà les couleurs de l’US Dax, remportant en 1964 le titre de champion de France cadets. Ses études le conduisent ensuite à Toulouse : le choix de la Ville Rose scelle une rencontre décisive avec le Stade Toulousain, qu’il rejoint en 1964.

Avec ses camarades d’alors, encadrés par Marcel Dax et soutenus par le président André Brouat, Jean-Louis s’impose rapidement comme l’une des figures de cette jeune génération qui voulait « rendre au club son lustre d’antan ». Il dispute son premier match en équipe première à l’arrière face à Tyrosse, puis enchaîne à l’ouverture contre Dax, comme un signe du destin entre ses deux terres de cœur.

Durant dix saisons en Rouge et Noir, il connaîtra des heures difficiles – comme la saison 1965-1966 où le club échappe de peu à la relégation – mais aussi des sommets, dont la finale du championnat de France 1969 face à Bègles et celle du Challenge Yves du Manoir en 1971. Visionnaire, créatif et élégant, il incarnait ce rugby de mouvement qu’il pratiquait « avec délectation », convaincu que ce style allait ramener le Stade au sommet.

Ses performances toulousaines (180 matchs) lui ouvrent les portes de l’équipe de France : 21 sélections entre 1968 et 1974, avec cette même capacité à allier sérieux et insouciance, rigueur et fantaisie. Sa jeunesse, il l’a vécue avec ses coéquipiers, à la fois studieuse et pleine de joie, dans cet équilibre qu’il savait si bien cultiver.

En 1973, diplôme en poche et nouvellement marié, il décide de retourner à Dax pour réaliser un autre rêve : la création d’un grand complexe de soins thermaux. Ainsi naissent les Thermes Bérot, qui demeurent encore aujourd’hui l’une des fiertés de la cité thermale. Fidèle à ses engagements, il assumera aussi des responsabilités au sein de l’US Dax et contribuera au rayonnement de sa région.

Homme de rugby, homme de famille, homme d’engagements, Jean-Louis Bérot n’a jamais cessé de faire vivre les valeurs qui l’animaient. En 2014, il fut intronisé à l’Académie toulousaine de rugby, où il occupait le 35e fauteuil, symbole de la reconnaissance de ses pairs et de son empreinte indélébile dans l’histoire des Rouge et Noir.

Le Stade Toulousain salue avec émotion ce joueur et cet homme exceptionnel, dont le nom restera associé à une génération fondatrice et à un style de jeu visionnaire.

Le club adresse ses pensées les plus sincères à son épouse, à sa famille, à ses proches et à l’ensemble de la communauté rugbystique.

DIDIER LACROIX